DISCOURS
DU MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE À L'OCCASION DES
FUNÉRAILLES DU JUGE CLERSIAS CÉLANCIEUX LE SAMEDI 26 AOÛT 2017 AU CAP-HAÏTIEN
Monsieur le Célébrant principal et Pasteurs auxiliaires,
Monsieur le Représentant du Conseil Supérieur du Pouvoir
Judiciaire,
Monsieur le Président et Juges de la Cour d'Appel du
Cap-Haïtien,
Monsieur le Doyen du Tribunal de Première Instance du
Cap-Haïtien,
Messieurs les Commissaires du Gouvernement Près la Cour
d'Appel et le TPI du Cap-Haïtien,
Mesdames et Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président de l'Association Nationale des
Magistrats Haïtiens,
Monsieur le Doyen de la Faculté de Droit du Cap-Haïtien,
Mesdames et messieurs les Avocats des différents Barreaux de
la République,
Mesdames et Messieurs les Officiers de la Police Nationale
d'Haïti,
Mesdames et Messieurs les Greffiers, Commis-Parquets,
Huissiers et membres du personnel du Palais de Justice du Cap-Haïtien,
Parents et Amis du défunt,
Mesdames, Messieurs...
"Le grand mystère ne s'explique pas."
Qui aurait osé imaginer qu'en ma qualité de Ministre de la
Justice et de la Sécurité Publique et celle de Magistrat de profession,
j'allais gravir une nouvelle fois, dans un si court intervalle, la chaire d'une
église pour des mots de circonstance; cette fois-ci, à l'occasion du départ prématuré
pour l'Orient éternel d'un géant, d'un grand combattant, d'un gladiateur
portant toujours à sa main le glaive de la Justice?
Qui aurait cru que la Magistrature haïtienne allait perdre
sitôt cet enfant doué d'une intelligence remarquable et remarquée, de valeurs
morales recherchées, d'une conduite hors du commun dans l'accomplissement de
ses taches?
Personne n'oserait penser pouvoir défier les lois naturelles.
Puissantes qu'elles soient, elles se mettent souvent en désaccord avec nos
aspirations et nos espérances.
Pourquoi le sort a voulu aujourd'hui que ce soit lui,
Clersias Célancieux, Magistrat de son état, sur qui doit s'abattre cette
foudre, et je regrette de le dire, épargnant ceux qui ne font pas honneur à la
Magistrature, qui la vilipendent en privilégiant leurs intérêts égoïstes et
mesquins, pataugeant dans les arènes de la médiocrité, de la corruption et de
l'indécence?
Si la mort était aussi juste et parfaite, mon très cher collègue
et ami, camarade de promotion, tu aurais encore ta place parmi nous, sans
vouloir blasphémer notre Père Céleste, lui qui a créé l'univers avec ses lois,
selon toute approche théologique.
Je ne suis pas venu à ce micro prendre la parole pour dresser
le profil du Magistrat dont nous saluons la dépouille ce matin, un Magistrat
passé de présentation. Ç'aurait été assez étonnant d'apprendre de son vivant
qu'il fut un homme sage et tolérant. À preuve, lui et moi avions eu souvent des
désaccords dus à nos différences axées sur nos tempéraments. Par contre, sa
rectitude dans l'application de nos textes de loi, son amour pour la
Magistrature et le Droit ont fait de lui un modèle du genre, ce qui le place
sur l'estrade ''d'Honneur et Mérite'' accueillant très peu de
Magistrats.
En effet, mon frère, tu t'es éteint après de longues années
de souffrance, ce qui fait penser sans l'ombre d'un doute à plus d'un qu'il
vaut mieux que tu aies quitté cette terre tant ta vie était devenue une épreuve
permanente.
Courageux au-delà de toutes les limites, tu avais fait front
jusque dans les instants les plus intolérables mais la maladie devenue plus
forte a finalement eu gain de cause. Par la perte d'espoir que tu m'avais fait
sentir depuis peu, surtout lorsque je t'avais fait part qu'au moment où le
Gouvernement devrait faire choix de la personne qui allait diriger l'Unité
Centrale de Renseignement Financier (UCREF), ton nom m'était venu à l'esprit et
que tu avais décliné sagement, je l'avais pressentie, cette mort prématurée. Et aujourd'hui, tu as
abandonné le combat, estimant à juste titre que tu avais fait tout ce qui était
en ton pouvoir.
En cette pénible circonstance, par mon organe, le
Gouvernement en général dirigé par le premier Ministre Jack Guy LAFONTANT, et
le Président de la République, son excellence Jovenel MOÏSE, présentent leurs
sincères sympathies aux membres de la famille du de cujus, particulièrement son
épouse et ses deux enfants, et à ceux du Corps Judiciaire. Ils profitent pour
dire à ces derniers que durant ce quinquennat, ils accorderont toute leur
attention aux différents problèmes liés au fonctionnement de ce pouvoir et
aussi à ceux que confrontent les Magistrats, assis ou debout, tant dans leur
vie sociale que professionnelle.
Aux membres de la famille du défunt, je leur dis que moi
personnellement, j'ai initié une démarche auprès du Président du Conseil
Supérieur du Pouvoir Judiciaire, lui demandant de solliciter du Ministre de
l'Economie et des Finances une allocation de pension de retraite post-mortem au
profit du Juge Clersias Célancieux. Permettez que je vous donne lecture de la
correspondance...
Port-au-Prince, le 25
Août 2017
"Magistrat Jules
CANTAVE
Président du Conseil
Supérieur
du Pouvoir Judiciaire
(CSPJ)
En ses Bureaux.-
Monsieur le Président,
Le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique vous
présente ses compliments et vous saurait gré de bien vouloir entreprendre les
démarches nécessaires auprès du Ministre de l'Économie et des Finances afin
qu'une allocation de pension de retraite post-mortem soit accordée au Juge Clersias CÉLANCIEUX décédé et laissant
deux enfants en bas âge.
Espérant qu'en bon père de famille vous ne manquerez pas de
porter votre attention à la présente pour le bien de la famille CÉLANCIEUX, le
Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de
ses salutations distinguées.
Heidi FORTUNÉ, Magistrat,
Ministre "
Enfin, le moment est venu de m'adresser à nouveau à mon frère
pour lui dire en deux phrases:
Bon voyage, Magistrat! Pars en paix avec l'idée que tu as
fait œuvre qui vaille, que nous garderons tous en souvenir.
Heidi FORTUNÉ, Magistrat
Ministre de la Justice
et
de la Sécurité Publique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire