dimanche 8 octobre 2023

SI LA HONTE TUAIT

 

SI LA HONTE TUAIT

EFFERVESCENCE INTERNATIONALE

Quand on évoque la honte, c’est souvent à la pudeur qu’on pense aussitôt. Mais, après moult constats en rapport avec le comportement de certains dirigeants haïtiens, il semblerait que la honte n’a rien à voir avec la pudeur. Cela fait déjà plus d’un mois que la population dans le nord-est d’Haïti se bat pour leurs droits souverains et légitimes contre les autorités dominicaines. L’objet du litige: un canal! Le gouvernement haïtien s’est enfermé à double tour dans un mutisme absolu et s’est couché, malgré l’arrogance et les propos inacceptables du voisin. Se taire est complice. Et le silence est pire que la trahison.

D’emblée, j’admets que je ne dispose pas de toutes les informations auxquelles ont accès les autorités étatiques, et que je ne suis pas au fait des subtilités entourant le traité bilatéral signé entre mon pays et la République Dominicaine sur l’utilisation, par les deux antagonistes, de la rivière qui traverse les deux territoires. Je ne connais pas non plus les considérants ni les attendus qui motivent le texte officiel. Mais, en l’état actuel des choses, je me sens profondément offensé et choqué par l’attitude du Premier ministre haïtien face à l’insolence et au manque de respect du Président dominicain envers le peuple haïtien.

Les initiateurs de la construction de cette voie d’eau artificielle qui va desservir les habitants de la plaine de Maribaroux, ne reçoivent, jusqu’à présent, aucune aide venant du Locataire de la Primature si ce n’est des dons collectés entre frères et sœurs haïtiens dans un élan de patriotisme retrouvé, comme jamais auparavant. Celui-ci ignore tout bonnement les appels au secours de ses concitoyens laissés sans assistance, au beau milieu d’un conflit international complexe. Sa passivité et son inaction ne surprennent pas. Mais sous d’autres cieux, en d’autres lieux, je vous le dis, il aurait été tout simplement exécuté pour trahison.

Chef du gouvernement, comment pouvez-vous rester les bras croisés pendant qu’un pays hostile masse ses troupes à votre frontière sous la menace d’intervenir militairement pour stopper la construction d’un ouvrage érigé sur votre sol? Et que dire des propos inamicaux et racistes de la part d’officiels dominicains? Non, M. Abinader, je n’ai pas honte de mon pays, Haïti. J’ai honte de ses dirigeants dont le comportement indécent porte atteinte à la conception que nous, haïtiens, avons de la manière dont un gouvernement responsable devrait se comporter envers ses citoyens, conception fondée d’ailleurs sur notre propre Constitution.

Le peuple haïtien est dans ses bons droits et il lutte, à juste titre, pour des principes inhérents à sa souveraineté. Malédiction, à vous traîtres, traîtresses, tenants actuels du pouvoir qui rampez à plat ventre, pour aller demander pardon! Je ne sais pas combien de séries d’excuses ni combien d’années, vous seront nécessaires pour réparer ce déshonneur, refaire des ponts et établir une certaine confiance – jusque-là jamais gagnée – car présentement, vous êtes mal barrés. Heureusement pour vous, la honte ne tue pas, sinon nos cimetières seraient remplis de vos cadavres.