Discours du Ministre de la
Justice et de la Sécurité Publique
à l’occasion des 22 ans de la
Police Nationale d’Haïti,
à l’Académie de Police, Frères,
le lundi 12 juin 2017
Monsieur le Président de la République,
Madame la Première Dame,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de la Chambre des Députés,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président de la Cour de Cassation,
Mesdames, Messieurs les Membres du Cabinet ministériel,
Monsieur le Directeur Général de la Police Nationale
d’Haïti,
Mesdames, Messieurs les Représentants de la communauté
internationale et de la MINUSTAH,
Mesdames, Messieurs les Hauts Cadres, les Techniciens,
les Policières et Policiers de la PNH,
Mesdames, Messieurs les représentants des Directions
générales et directions déconcentrées de l’Etat,
Mesdames, Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président de la Fédération des Barreaux
d’Haïti et Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Port-au-Prince
Mesdames et Messieurs les Représentants de la presse
parlée, écrite et télévisée,
Distingues invités,
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,
Nous voici réunis, ce matin, à l’Académie de Police, pour
célébrer les vingt-deux ans d’existence de la Police Nationale d’Haïti. En effet, 12 juin 1995 - 12 juin 2017... déjà 22 ans
qu’une nouvelle institution créée par la
Constitution de 1987 a pris naissance, dans un contexte socio-politique bien spécial.
Je suis particulièrement heureux d’être présent parmi
vous –Policières et Policiers -- pour cette commémoration de l’effort dans
la protection et l’altruisme. Je m’en voudrais, en ce jour
de fête, d’adresser mes félicitations les plus vives à chacune et à chacun –pardon ! – à vous tous qui avez
fait de la Police Nationale d’Haïti : une institution fière, forte, élégante, pérenne et, toujours prête au devoir sacrificiel suprême. Je vous rappelle, en cet
instant solennel, que vos efforts ne
sont pas vains et qu’ils ont contribué à maintenir Haïti dans un climat de stabilité
après lequel nous soupirons.
Hier, on créait la Police Nationale d’Haïti pour marquer‘’ la rupture avec un ‘’passé, par endroits,
parsemé de roses noires’’ et, refléter ‘’le
bras vaillant et armé de la Justice’’. A l’époque, les instigateurs – internationaux et
nationaux -- la voulaient imposante et, dans un élan de patriotisme, maintes
fois, réaffirmé, nos gouvernants souhaitaient tout simplement la ramener à la
dimension haïtienne pour signifier l’inaliénable privilège de la souveraineté
nationale. C’était d’abord pour manifester la volonté ferme de
protection et de service alliée au souci de la proximité de la vie quotidienne. Aujourd’hui, nous voulons surtout d’une force de Police
professionnelle et accessible pour les citoyennes et citoyens comme pour les
acteurs et décideurs judiciaires.
Policières
et Policiers,
Désormais, votre vocation va se vivre à travers vos missions et vos
engagements respectifs. Ils sont, par cette assertion, devenus plus importants
puisque la sécurité est un préalable au
développement de la Nation. Vos responsabilités sont donc des plus difficiles
et rudes. C’est pourquoi, je vous exhorte
vivement à les exercer avec dévouement, abnégation, désintéressement et
persévérance. Pour reprendre le moraliste LAROCHEFOUCAULD, ‘’la récompense du devoir est le devoir même’’. Ne cessez jamais de vous acquitter de votre devoir d’état. Voilà pourquoi
quand on se laisse aller à attaquer l’institution policière, ce sont les
fondements de la démocratie et des
droits humains – aux règles du ‘’vivre
ensemble et les droits de chacun’’que l’on porte un coup d’arrêt. Ceci dit, en ce
jour spécial, je salue la mémoire de toutes les policières et de tous les
policiers tombés sur les champs d’honneur, au moment de l’accomplissement de
leur noble devoir. Que leurs enfants, parents, proches et amis acceptent mes
sympathies.
Parallèlement, je
ne saurais rester insensible face aux Policières et Policiers frappés d’incapacité
prématurée qui, à cause des limitations plurielles et contraignantes, sont,
aujourd’hui, cloués sur leurs lits de maladie ou un fauteuil roulant, devenus
par la force des circonstances dépendants des autres ou obligés de renoncer à
la vie active et sombrer dans le mépris
alors qu’une belle et enrichissante carrière s’ouvrait devant eux. Heureusement, ‘’à brebis tondue, Dieu mesure le
vent’’ dit un vieil adage.
Pour l’occasion, je m’associe à toutes les couches
de la population haïtienne, bénéficiaire de vos services, pour, de façon
publique, remercier chacune et chacun pour les loyaux services rendus.
La justice constitue le socle en acier trempé de notre démocratie, et s’appuie sur la Police pour mener à bien tous les combats. La Police a un grand idéal : servir l’œuvre de justice. Elle est en ce sens une ‘’marqueuse’’ de la démocratie. Hauts Cadres, Techniciens, Policières et Policiers de toutes les Unités spécialisées, à chaque jour, vous y contribuez tous. Alors, il faudra simplement poursuivre !
Policières et Policiers,
Je voudrais, également, à présent,
vous communiquer les orientations générales qui guideront vos actions. Vous
devez œuvrer inlassablement à la réalisation des objectifs et priorités du Ministère de la Justice et de la
Sécurité Publique inscrits dans la lettre de cadrage sous la signature du Premier Ministre, le Président du Conseil
Supérieur de la Police Nationale. Les orientations de la nouvelle politique de sécurité
intérieure imposent les conditions d'une utilisation plus efficace des forces. L'action judiciaire sera intensifiée par l'augmentation du nombre des Officiers de Police Judiciaire
et la sauvegarde de leur compétence. Grâce au progrès des technologies de la communication et
de l’information, la gestion rationnelle et impartiale des dossiers sera
modernisée pour, au besoin, augmenter les capacités opérationnelles en cas de
crise. Dans un futur assez proche, les forces de sécurité
intérieure bénéficieront de nouveaux moyens juridiques qui feront l'objet d'une
loi à déposer au Parlement. Des dispositions seront notamment prévues pour ‘’bloquer l'usage des téléphones volés’’
et pour ‘’localiser les véhicules volés’’.
Un effort particulier sera engagé pour lutter, de façon
permanente, contre les comportements agressifs et délinquants qui se sont
multipliés au cours des dernières semaines. Un programme d'équipement sera lancé pour améliorer
l'état du parc immobilier et du réseau de transmissions, renforcer les moyens
de la Police Technique et Scientifique et l'emploi obligé des technologies de
l'information, mettre à niveau le parc automobile et améliorer l'équipement
individuel et de protection des personnels civils et policiers. Une évaluation biannuelle permettra
d'apprécier les résultats obtenus par la Police Nationale et de les rapprocher
des moyens engagés. Pour ce faire, j’invite le Haut
État-Major de la Police à resserrer et à
purger les rangs en mettant sans délai un terme aux agissements inconsidérés --
perquisitions arbitraires, pillages, barrages non autorisés, folle circulation
sur la voie publique en armes sans ordre de mission, rackets, violations et
occupations illégales de domiciles, dépossessions forcées, règlements personnels
de litiges fonciers ou de voisinage, nuisances sonores et surtout nocturnes, et
autres exactions de toutes natures contre les populations, les agents du
service public notamment le personnel de santé, les enseignants, les opérateurs
économiques, les touristes, etc.
Il vous faut également poursuivre
le combat, de tous les instants, plus général contre le grand banditisme, les
crimes transnationaux, le fondamentalisme, la stigmatisation, les menaces
immédiates et quotidiennes auxquelles nous faisons face. Je veux citer :
le trafic de drogues, la circulation illicite d’armes, la corruption, la
spoliation, l’insécurité foncière, l’impunité et la criminalité à col blanc.
Presque tous les jours, la magistrature haïtienne est
confrontée à la révélation de faits ou de comportements, commis par une infirme
minorité de certains de ses représentants, qui nous sont apparus susceptibles
de constituer de graves manquements aux devoirs de leurs charges. Un magistrat
qui prend exagérément la défense de bandit, en échange de pots-de-vin, et
diabolise la police au point de n'y voir que des tortionnaires n'est autre
qu'un blanchisseur de banditisme. Un magistrat qui prend de l'argent pour
libérer des kidnappeurs et mis hors de cause des trafiquants de drogue devrait
être écarté de la magistrature pour éviter que le discrédit ne jaillisse sur
l'ensemble du corps composé d'hommes et de femmes de qualité dont nous savons
l'honnêteté et le dévouement absolus.
Appelons un chat un chat: Le fonctionnement actuel de
notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens car
définitivement, le bandit et le juge corrompu exercent la même profession. Et
toute politique de lutte contre la délinquance sera vouée à l'échec avec ces
éléments en toge qui favorisent l'impunité et se désintéressent des victimes. Certains magistrats ont leurs mains sales
jusqu'aux coudes...
Une fois de plus, nous alertons les membres du conseil
supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur l'état réel de la magistrature et
l'urgence de réagir à l'immense danger qui se précise.
Policières
et Policiers,
Vous symbolisez, à nos yeux, l’alliance de la force et de l’intelligence. Nous savons, non sans peine, que certaines de vos
attentes ne sont pas toujours comblées. Vous aspirez à des bâtiments
princiers. Pourtant, le saviez-vous
qu’un bâtiment même splendide, n’est rien – une simple coquille vide – sans les
moyens de le faire fonctionner ? C’est pourquoi, nous aurons d’autres combats :
1.
L’obtention de crédits
de fonctionnement révisé à la hausse ;
2.
L’augmentation de
l’effectif des cadres supérieurs et des agents ;
3.
L’appropriation de
toutes les charges avec le départ obligé de la MINUSTHA ;
4.
L’épuration nécessaire ;
5.
Le choix fini des
policiers sur leurs missions essentielles etc…
Sur le terrain, des moyens vous seront offerts, pour l’amélioration de
votre cadre de vie et de vos conditions de travail en témoignent la rénovation
prochaine et la construction effective de nouveaux Commissariats et d'un
Hôpital Général de Police.J’estime nécessaire de relancer et d’approfondir le processus de l’Unité de Logements décents au bénéfice des Policiers sans distinction ni exclusive. Que chaque policier ait enfin un toit digne. J’envisage de couvrir tous les Policiers d’une assurance maladie et surtout contre les risques d’accidents professionnels.
Félicitations à vous, -- valeureuses femmes et courageux hommes qui, sur la route du progrès et du développement, ne vous faites jamais marchander la bravoure pour chasser les ténèbres épaisses de la poltronnerie et poindre la lueur d’espoir se transpirant sur les visages les plus sceptiques. Ce jour de fête nous invite aussi à dresser le bilan et dénouer le procès de ces 22 ans d’existence. Nous devons redresser, corriger, recommencer, aplanir, au besoin, pour atteindre avec plus de précision nos objectifs. C’est aussi le Jour des grandes espérances. Le moment est venu pour que votre travail professionnel soit mesuré à sa juste valeur.
Que les dieux tutélaires de la Patrie commune vous soient toujours en aide !
Je vous remercie.
Heidi FORTUNE, Magistrat,
Ministre de la Justice et
de la Sécurité Publique.
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