mardi 5 septembre 2017

Discours du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique à l’occasion des 22 ans de la Police Nationale d’Haïti, à l’Académie de Police, Frères, le lundi 12 juin 2017



Discours du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
à l’occasion des 22 ans de la Police Nationale d’Haïti,
à l’Académie de Police, Frères, le lundi 12 juin 2017

Monsieur le Président de la République,
Madame la Première Dame,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de la Chambre des Députés,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président de la Cour de Cassation,
Mesdames, Messieurs les Membres du Cabinet ministériel,
Monsieur le Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti,
Mesdames, Messieurs les Représentants de la communauté internationale et de la MINUSTAH,
Mesdames, Messieurs les Hauts Cadres, les Techniciens, les Policières et Policiers de la PNH,
Mesdames, Messieurs les représentants des Directions générales et directions déconcentrées de l’Etat,
Mesdames, Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti et Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Port-au-Prince
Mesdames et Messieurs les Représentants de la presse parlée, écrite et télévisée,
Distingues invités,
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,

Nous voici réunis, ce matin, à l’Académie de Police, pour célébrer les vingt-deux ans d’existence de la Police Nationale d’Haïti. En effet, 12 juin 1995 - 12 juin 2017... déjà 22 ans qu’une nouvelle  institution créée par la Constitution de 1987 a pris naissance, dans un contexte socio-politique bien spécial.

Je suis particulièrement heureux d’être présent parmi vous –Policières et Policiers  -- pour cette commémoration de l’effort dans la protection et l’altruisme. Je m’en voudrais, en ce jour de fête, d’adresser mes félicitations les plus vives à chacune et à chacun –pardon ! – à vous tous qui avez fait de la Police Nationale d’Haïti : une institution fière,  forte, élégante, pérenne et, toujours  prête au devoir sacrificiel suprême. Je vous rappelle, en cet instant solennel, que  vos efforts ne sont pas vains et qu’ils ont contribué à maintenir Haïti dans un climat de stabilité après lequel nous soupirons.
Hier, on créait la Police Nationale d’Haïti pour marquer‘’ la rupture avec un ‘’passé, par endroits, parsemé de roses noires’’ et, refléter ‘’le bras vaillant et armé de la Justice’’. A l’époque, les instigateurs – internationaux et nationaux -- la voulaient imposante et, dans un élan de patriotisme, maintes fois, réaffirmé, nos gouvernants souhaitaient tout simplement la ramener à la dimension haïtienne pour signifier l’inaliénable privilège de la souveraineté nationale. C’était d’abord pour manifester la volonté ferme de protection et de service alliée au souci de la proximité de la vie quotidienne. Aujourd’hui, nous voulons surtout d’une force de Police professionnelle et accessible pour les citoyennes et citoyens comme pour les acteurs et décideurs  judiciaires.

Policières et Policiers,
 Désormais, votre vocation va se vivre à travers vos missions et vos engagements respectifs. Ils sont, par cette assertion, devenus plus importants puisque  la sécurité est un préalable au développement de la Nation. Vos responsabilités sont donc des plus difficiles et rudes. C’est pourquoi, je vous exhorte  vivement à les exercer avec dévouement, abnégation, désintéressement et persévérance. Pour reprendre le moraliste LAROCHEFOUCAULD, ‘’la récompense du devoir est le devoir même’’. Ne cessez jamais de vous acquitter de votre devoir d’état. Voilà pourquoi quand on se laisse aller à attaquer l’institution policière, ce sont les fondements de la démocratie  et des droits humains – aux règles du ‘’vivre ensemble et les droits de chacun’’que l’on porte un coup d’arrêt. Ceci dit, en ce jour spécial, je salue la mémoire de toutes les policières et de tous les policiers tombés sur les champs d’honneur, au moment de l’accomplissement de leur noble devoir. Que leurs enfants, parents, proches et amis acceptent mes sympathies. 
 Parallèlement, je ne saurais rester insensible face aux Policières et Policiers frappés d’incapacité prématurée qui, à cause des limitations plurielles et contraignantes, sont, aujourd’hui, cloués sur leurs lits de maladie ou un fauteuil roulant, devenus par la force des circonstances dépendants des autres ou obligés de renoncer à la vie active et sombrer  dans le mépris alors qu’une belle et enrichissante carrière s’ouvrait devant eux. Heureusement, ‘’à  brebis tondue, Dieu mesure le vent’’ dit un vieil adage. Pour  l’occasion, je m’associe à toutes les couches de la population haïtienne, bénéficiaire de vos services, pour, de façon publique, remercier chacune et chacun pour les loyaux services rendus.

La justice constitue le socle en acier trempé de notre démocratie, et  s’appuie sur la Police pour mener à bien tous les combats. La Police a un grand idéal : servir l’œuvre de justice. Elle est en ce sens une ‘’marqueuse’’ de la démocratie. Hauts Cadres, Techniciens, Policières et Policiers de toutes les Unités spécialisées, à chaque jour, vous y contribuez tous. Alors, il faudra simplement poursuivre !

Policières et Policiers,
Je voudrais, également,  à présent, vous communiquer les orientations générales qui guideront vos actions. Vous devez œuvrer inlassablement à la réalisation des objectifs et  priorités du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique inscrits dans la lettre de cadrage sous la signature du  Premier Ministre, le Président du Conseil Supérieur de la Police Nationale. Les orientations de la nouvelle politique de sécurité intérieure imposent les conditions d'une utilisation plus efficace des forces. L'action judiciaire sera intensifiée par l'augmentation du nombre des Officiers de Police Judiciaire et la sauvegarde  de leur compétence. Grâce au progrès des technologies de la communication et de l’information, la gestion rationnelle et impartiale des dossiers sera modernisée pour, au besoin, augmenter les capacités opérationnelles en cas de crise. Dans un futur assez proche, les forces de sécurité intérieure bénéficieront de nouveaux moyens juridiques qui feront l'objet d'une loi à déposer au Parlement. Des dispositions seront notamment prévues pour ‘’bloquer l'usage des téléphones volés’’ et pour ‘’localiser les véhicules volés’’. Un effort particulier sera engagé pour lutter, de façon permanente, contre les comportements agressifs et délinquants qui se sont multipliés au cours des dernières semaines. Un programme d'équipement sera lancé pour améliorer l'état du parc immobilier et du réseau de transmissions, renforcer les moyens de la Police Technique et Scientifique et l'emploi obligé des technologies de l'information, mettre à niveau le parc automobile et améliorer l'équipement individuel et de protection des personnels civils et policiers. Une évaluation biannuelle permettra d'apprécier les résultats obtenus par la Police Nationale et de les rapprocher des moyens engagés. Pour ce faire, j’invite le Haut État-Major de la Police à resserrer  et à purger les rangs en mettant sans délai un terme aux agissements inconsidérés -- perquisitions arbitraires, pillages, barrages non autorisés, folle circulation sur la voie publique en armes sans ordre de mission, rackets, violations et occupations illégales de domiciles, dépossessions forcées, règlements personnels de litiges fonciers ou de voisinage, nuisances sonores et surtout nocturnes, et autres exactions de toutes natures contre les populations, les agents du service public notamment le personnel de santé, les enseignants, les opérateurs économiques, les touristes, etc. 
Il vous faut  également poursuivre le  combat, de tous les instants,  plus général contre le grand banditisme, les crimes transnationaux, le fondamentalisme, la stigmatisation, les menaces immédiates et quotidiennes auxquelles nous faisons face. Je veux citer : le trafic de drogues, la circulation illicite d’armes, la corruption, la spoliation, l’insécurité foncière, l’impunité et la criminalité  à col blanc.

La justice, dans notre société se veut un signe visible de civilisation et une garantie certaine des droits fondamentaux exprimés dans la Constitution républicaine et dans les instruments juridiques internationaux de protection pour les citoyennes et citoyens. Elle œuvre pour la pérennité et l’effectivité des grands principes démocratiques. C’est pourquoi, elle maîtrise les folles passions et apaise les facteurs de tension sociale. À l’instar de tous mes prédécesseurs, je suis très sensible à vos préoccupations légitimes majeures et l’histoire des événements, à répétions, récents – sur les champs du devoir et de l’honneur – nous fournit des enseignements aussi précieux que dramatiques. Retenons avec gravité qu’il n’est pas de pays sûr sans une justice respectée et une justice forte sans une police professionnelle  et qui la sert avec compétence, courage,  dévouement et exigence. CSPJ...CSPJ, de grâce, sanctionnez les magistrats indélicats et corrompus car il n'y aura jamais de sécurité, et le travail de la police sera toujours sapé avec une justice qui crée elle-même l'insécurité.
Presque tous les jours, la magistrature haïtienne est confrontée à la révélation de faits ou de comportements, commis par une infirme minorité de certains de ses représentants, qui nous sont apparus susceptibles de constituer de graves manquements aux devoirs de leurs charges. Un magistrat qui prend exagérément la défense de bandit, en échange de pots-de-vin, et diabolise la police au point de n'y voir que des tortionnaires n'est autre qu'un blanchisseur de banditisme. Un magistrat qui prend de l'argent pour libérer des kidnappeurs et mis hors de cause des trafiquants de drogue devrait être écarté de la magistrature pour éviter que le discrédit ne jaillisse sur l'ensemble du corps composé d'hommes et de femmes de qualité dont nous savons l'honnêteté et le dévouement absolus.
Appelons un chat un chat: Le fonctionnement actuel de notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens car définitivement, le bandit et le juge corrompu exercent la même profession. Et toute politique de lutte contre la délinquance sera vouée à l'échec avec ces éléments en toge qui favorisent l'impunité et se désintéressent des victimes. Certains magistrats ont leurs mains sales jusqu'aux coudes...
Une fois de plus, nous alertons les membres du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur l'état réel de la magistrature et l'urgence de réagir à l'immense danger qui se précise.

Policières et Policiers,
Vous symbolisez, à nos yeux, l’alliance  de la force et de l’intelligence. Nous savons, non sans peine, que certaines de vos attentes ne sont pas toujours comblées. Vous aspirez à des bâtiments princiers.  Pourtant, le saviez-vous qu’un bâtiment même splendide, n’est rien – une simple coquille vide – sans les moyens de le faire fonctionner ? 
C’est pourquoi, nous aurons d’autres combats :
1.     L’obtention de crédits de fonctionnement révisé à la hausse ;
2.     L’augmentation de l’effectif des cadres supérieurs et des agents ;
3.     L’appropriation de toutes les charges avec le départ obligé de la MINUSTHA ;
4.     L’épuration nécessaire ;
5.     Le choix fini des policiers sur leurs missions essentielles etc…
Sur le terrain, des moyens vous seront offerts, pour l’amélioration de votre cadre de vie et de vos conditions de travail en témoignent la rénovation prochaine et la construction effective de nouveaux Commissariats et d'un Hôpital Général de Police.
J’estime nécessaire de relancer et d’approfondir le processus de l’Unité de Logements décents au bénéfice des Policiers sans distinction ni exclusive. Que chaque policier ait enfin un toit digne. J’envisage de couvrir tous les Policiers d’une assurance maladie et surtout contre les risques d’accidents professionnels.



Félicitations à vous, -- valeureuses femmes et  courageux hommes qui, sur la route du progrès et du développement, ne vous faites jamais marchander la bravoure pour chasser  les ténèbres épaisses de la poltronnerie et poindre  la  lueur d’espoir  se transpirant  sur les visages les plus sceptiques. Ce jour de fête nous invite  aussi à dresser le bilan et dénouer le procès de ces 22 ans d’existence. Nous devons redresser, corriger, recommencer, aplanir, au besoin,  pour atteindre avec plus de précision nos objectifs. C’est aussi le Jour des grandes espérances. Le moment est venu pour que votre travail professionnel soit mesuré à sa juste valeur.

Bonne Fête à chacune et à chacun ! 
Que  les dieux tutélaires de la Patrie commune vous soient toujours en aide !
Je vous remercie.

Heidi FORTUNE, Magistrat,
Ministre de la Justice et 
de la Sécurité Publique.


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