LA CHARETTE DES CONDAMNÉS
La démocratie est une conquête populaire ; les actuels mouvements dans les pays arabes le rappellent avec conviction. C’est une lutte contre l’obscurantisme, l’arbitraire et la violence sous toutes ses formes. Avec la démocratie viennent la reconnaissance et l’effectivité des droits fondamentaux des personnes, des organisations et des nations. Vient également le plein exercice des libertés de pensée, d’expression et d’association. Le tout, garanti par un exercice du pouvoir balisé par l’état de droit, la transparence, la bonne gouvernance et la capacité de prendre de bonnes décisions.
A l’échelle de l’histoire humaine, la conquête de la démocratie par les peuples est relativement récente. Elle ne s’est pas encore imposée à la majorité des nations. Des continents entiers ou presque lui échappent. Et là où elle prévaut, elle est assaillie. C’est le cas chez nous en Haïti. Et nos principaux dirigeants y contribuent grandement.
Durant ces cinq dernières années, le gouvernement déchu a pris carrément ses distances par rapport aux règles. Les vocables grandeur, honneur, dignité, sérieux ont été bannis. Le bon sens faisait défaut, les débats au Parlement dévoyés, le vote monnayé, la Magistrature malmenée, la police vassalisée, le crime était une affaire d’État, le Conseil électoral sapé, la corruption réglementée et les libertés fondamentales étouffées voire sacrifiées au profit de causes personnelles. Seuls les véreux, les débauchés et les narcotrafiquants avaient pignon sur rue.
On n’est pas en démocratie quand le pouvoir fait peu de cas des demandes répétées de la population, quand il y a un refus total de faire la lumière sur certains crimes. On n’est pas en démocratie quand l’État affame sa propre population, banalise des vols, se fait complice de kidnappeurs… On n’est pas en démocratie quand des ministres disent n’importe quoi ou son contraire pour couvrir les bévues d’un Président qui, quelques heures avant de boucler son mandat, a porté par malveillance un dernier coup fatal à la Nation, sabotant par ainsi tous les acquis démocratiques de la République.
Nous sommes dans un beau gâchis ! Mais qu’on se le rappelle, l’ancien raïs égyptien Hosni Moubarak est actuellement gardé en détention aux ordres de la justice de son pays après avoir passé trente années au pouvoir pour être en contravention avec la loi. Le dangereux va-t-en-guerre Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire se trouve également dans le même registre. Les damnés de la terre sont en train de courber l’échine. Alors, qui sera le prochain à payer ses actions impies ?
Le sort vient de dévoiler le visage des hommes qui se sont avérés des destructeurs de pays, des saboteurs de la démocratie… et nous citons : l’ancien Chef de l’État, son ministre de la justice et le président du conseil électoral provisoire. Du sentiment de dégoût jusqu'à l’incompréhension de ceux qui leur faisaient crédit, le malaise est lourd, palpable... Certains arrivent mal à contenir et maitriser la nausée induite par les agissements de ces tricheurs qui les ont tous déçus. Ils n’ont fait que déranger la bonne marche des choses. La nouvelle équipe se doit de réagir avec fermeté et autorité pour ne pas décevoir. Le bourreau est déjà là, hache à la main. L’acte de condamnation est lue… ensuite ce sera le roulement des tambours. Les accusés se trouvent déjà sur le banc des plus grands saboteurs de l’histoire d’Haïti. Bientôt, la charrette des condamnés ira les emmener à l’échafaud car… exemple doit être tracé pour la postérité.
Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Juge d’Instruction
Cap-Haitien, Haïti
Ce 18 mai 2011
vendredi 20 mai 2011
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