mardi 3 octobre 2017

DISCOURS DU MAGISTRAT HEIDI FORTUNÉ, MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE, À L’OCCASION DE LA RÉOUVERTURE DES COURS ET TRIBUNAUX DE LA RÉPUBLIQUE LE 02 OCTOBRE 2017.



DISCOURS DU MAGISTRAT HEIDI FORTUNÉ, MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE, À L’OCCASION DE LA RÉOUVERTURE DES COURS ET TRIBUNAUX DE LA RÉPUBLIQUE LE 02 OCTOBRE 2017.

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Monsieur le Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire et de la Cour de Cassation,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Président et Membres de la Cour Supérieur des Comptes et du Contentieux Administratif,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions Diplomatiques,
Mesdames, Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président des Barreaux d'Haïti et Bâtonnier de l'Ordre du Barreau de Port-au-Prince,
Messieurs les Anciens Ministres de la Justice et de la Sécurité Publique ,
Messieurs les Anciens Bâtonniers,
Monsieur le Directeur de la Police Nationale d'Haïti,
Mesdames, Messieurs les Avocats,
Messieurs les Recteurs, Doyens et Professeurs des Universités,
Messieurs les Dignitaires Religieux et Coutumiers,
Mesdames, Messieurs les Greffiers, Commis-parquet, et Huissiers de Justice,
Mesdames, Messieurs les Officiers Ministériels et Auxiliaires de justice,
Mesdames, Messieurs, les représentants des Organismes des Droits Humains internationaux et nationaux,
Mesdames, Messieurs les représentants des organes de la presse parlée, écrite et télévisée,
Distingués (es) invités (es),
Mesdames, Messieurs,

C’est avec un sentiment de satisfaction profonde nuancée malheureusement d’une certaine déception que je prends la parole ce matin, en ma qualité de Garde des Sceaux de la République, à l’occasion de ce double évènement marqué par la réouverture officielle de nos Cours et tribunaux, et aussi le démarrage du nouvel exercice fiscal pour l’année 2017-2018. En dépit de nos divergences exprimées, à tort ou à raison, à travers des prises de position ayant des incidences majeures sur la vie politique, sociale et économique du pays, nous, représentants des trois pouvoirs dont l’existence même donne à notre État le statut d’État démocratique, nous voici réunis dans le dessein d’accomplir une mission sacro-sainte confiée par notre constitution de 1987 amendée.

Ce sentiment de satisfaction grandement éprouvée, auquel je fais allusion s’explique, au prime abord, par les efforts consentis par le gouvernement en général ainsi que le ministère que j’ai l’honneur de diriger, en particulier, à travers un programme conçu, bien aiguisé et en cours d’exécution bien entendu,  non seulement à mettre en place des mécanismes pouvant renforcer davantage la capacité des différentes  institutions étatiques, mais encore à créer ou à  rendre possible l’existence de certaines structures afin qu’elles puissent répondre avec célérité et efficacité aux besoins de la population.

Qu’il me soit permis ensuite d’évoquer avec une franche modestie et sans risque d’être démenti l’application saine et méthodique du plan de travail que nous avons nous-mêmes (mon équipe et moi) élaboré minutieusement à mon département, eu égard aux vœux du Président de la République, Son Excellence Jovenel MOISE et à ceux du Chef du Gouvernement, Son Excellence, Dr JacK Guy LAFONTANT, exprimés dans la lettre de cadrage adressée aux titulaires des différents ministères, et qui se focalisent sur la  concrétisation d’un  rêve cher caressé par d’honnêtes citoyens, paisibles, respectueux des principes : il s’agit de voir Haïti se transformer en un véritable ÉTAT DE DROIT, État où il ferait bon vivre, État au sein duquel les "hors-la- loi" n’auraient pas leur place.

Toujours dans le cadre de la poursuite des objectifs définis dans le plan de travail du ministère, on a abordé de front le problème de la corruption qui ronge notre système judiciaire, ce qui a débouché sur la poursuite pénale des présumés auteurs ou co-auteurs ou complices, qu’ils soient magistrats, fonctionnaires ou grands commis de l’État, avec comme corollaire la révocation ou  toute autre forme d’expulsion de ces derniers, selon nos lois régissant cette matière. De plus, des instructions en termes clairs et précis sont passées aux agents du pouvoir que je représente, qui sont dans le judiciaire, dans le cadre d’une nouvelle politique de prévention et de répression contre le phénomène de la corruption. Que je vous dise en passant que durant ces deux dernières années judiciaires, certains Parquetiers ont été inefficaces. ils n'ont produit aucun réquisitoire notamment au niveau des Parquets prés les Cours d'Appel et des Tribunaux de première instance. Faut-il continuer à verser des émoluments pour un travail non fourni? NON! Des mesures administratives fermes s'imposent, et ce, sans aucune indication de méchanceté. SINÉCURE ET CORRUPTION = ZÉRO TOLÉRANCE

Des mesures ont été prises également pour combattre un autre phénomène qualifié de dépossession violente et arbitraire en matière immobilière, tendant à mettre en péril la sécurité foncière. À cet effet, par arrêté présidentiel, la Brigade d'Intervention Contre l’Insécurité Foncière (BRICIF) fut créée, ce, sur initiative du ministère dont je suis le titulaire. Sa mission consiste à faire respecter le droit de propriété consacré  non seulement par notre constitution et nos lois en vigueur mais aussi par les instruments internationaux que  nous avons ratifiés. Au nom de la vérité, cette brigade se base présentement  dans les locaux du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique et intervient dans des cas identifiés à Port-au-Prince ainsi que  dans les autres communes avoisinantes. Elle s’étendra sur le moyen terme au niveau des autres juridictions du pays, affectées par ce phénomène, afin de parvenir à son éradication. SÉCURITÉ FONCIÈRE = INVESTISSEMENT = CRÉATION D’EMPLOI

Quant à l’impunité, elle constitue un défi majeur. Une lecture rationnelle de ce phénomène requiert pour sa dissuasion l’implication de chacun, chacune aussi bien dans son statut que dans sa sphère d’action. Tout le monde est exposé à ce phénomène, tout le monde en peut sortir victime si on n’est pas prêt à se donner à fond comme par exemple en dénonçant les auteurs des infractions ou en acceptant de déposer contr’eux. Même les magistrats dans leurs agissements tendant à la favoriser n’y doivent être épargnés. Aux parlementaires, je dis : "Immunité n’est pas impunité".  À ce titre, un programme de sensibilisation et de motivation s’exécute à travers de brefs messages publicitaires encourageant les citoyens(es) à s’acquitter de leurs devoirs civiques aussi bien que d’une obligation imposée par la loi. NON À L’IMPUNITÉ = ÉTAT DE DROIT = SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE

Je ne m’arrête pas là. Permettez maintenant que je sorte de mon tiroir un "gros dossier", celui de la détention préventive trop prolongée. On en parlait assez souvent sans envisager  pour le moins de vraies ébauches de solution. Ainsi, pour pallier ce problème, il a été conçu, puis mis en place une vaste opération baptisée sous le nom de Plan Thémis. Ce plan a permis et permettra encore la tenue régulière d’audiences spéciales correctionnelles et criminelles en vue de réduire à néant le nombre surélevé de personnes en attente de connaitre leur sort. Au cours de ces audiences, le respect des droits du ou de la prévenu(e) ainsi que de l’accusé(e) est de règle. En termes de résultat que cela a donné, je vous prie humblement de consulter les archives des Tribunaux de Première Instance de Port-au-Prince et vous verrez! L’on est en droit de se demander aujourd’hui : "Est-ce qu’on ne serait pas parvenu à un très faible pourcentage de personnes en situation de détention préventive trop prolongée, n’étaient-ce les arrêts de travail consécutifs et même parfois sans interruption observés par le personnel judiciaire (greffiers, huissiers, commis-parquet et juges) dans presque toutes les juridictions du pays" ? De ce qui précède, il résulte que le Plan Thémis reste et demeure un palliatif convaincant au problème de la détention préventive trop prolongée. 

Parlant encore de ce phénomène, s’il est une chose qui vienne assombrir le tableau que j’ai le privilège de vous présenter c’est l’arrêt de travail illimité par des personnes jouant un rôle clé dans le système, en quête de leurs satisfactions personnelles, ne prenant pas en compte la situation des "oubliés(es) de la prison". Cela m’affecte au plus profond de mon être. Voilà la déception dont je vous ai parlé au début de mon allocution. Ce pénible constat  devrait interpeller plus d’un à faire un plaidoyer en leur faveur pour que leur sort soit allégé à l’avenir par l’adoption d’une autre manière de faire tel qu’en cédant, par exemple, le minimum. Le droit à la grève, oui mais l’exercer comme on veut est une violation du Droit.

Dans une perspective de recherche de compromis, des discussions furent engagées tantôt avec les associations des greffiers au ministère, tantôt avec le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire au palais national. Suite à ces différents pourparlers des résolutions sont adoptées :
Pour les greffiers, huissiers et commis-parquet
Il a été décidé d’améliorer leurs conditions de travail en procédant de cette manière :
1-Un ajustement salarial de cinq mille (5000Gdes) gourdes sera opéré à partir de ce mois.
2- Ils seront tous couverts par une police d’assurance maladie suivant un accord conclu avec l'Office d'Assurance pour Accident du Travail et Maladie (OFATMA).
3-Pour le prochain exercice 2018-2019, la carte de débit leur sera octroyée.
4- Des mobiliers et matériels de bureau seront mis à la disposition des greffiers et des commis-parquet.
5-Les greffiers entreront dans un programme de formation continue à l’École de la Magistrature (EMA).

Pour les magistrats assis
1-Une indemnité mensuelle à hauteur du tiers (1/3) du salaire leur sera accordée. Elle sera effective dès ce mois.
2- Dix-neuf (19) véhicules seront distribués à tous les cabinets d’instruction, à raison d’un (1) véhicule par juridiction.
3-Quatre cent cinq (405) motocyclettes à distribuer également à tous les tribunaux, à raison de deux (2) par tribunal de première instance et de deux(2) par tribunal de paix.
4-La remise des commissions présidentielles dans le cadre de renouvellement  de mandat pour certains juges ou de promotion pour d’autres sera faite cette semaine.
5-Désormais, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire participera au processus de préparation du budget.
6-La promesse d’honorer une dette de trente neuf millions (39,000.000 Gdes) de gourdes, contractée par le CSPJ pour ses besoins est à lui faite.
7-En ce qui concerne le transfert de compétence du personnel judiciaire     au CSPJ, cela est en passe de discussion.
8-L’engagement est pris pour faire, à moyen terme, réparer les locaux abritant les tribunaux et l’acquisition de mobiliers et matériels de bureau à leur compte.

Voilà l’accord trouvé entre les deux pouvoirs de notre État.
Espérons qu’avec ces résolutions, les délais fixés dans nos codes seront pour le moins respectés dans le traitement des dossiers, qu’il y aura un nombre insignifiant de gens en situation de détention préventive trop prolongée.
Espérons que par ces résolutions qui constitueraient le point de départ d’un renouveau du système le Droit triomphera toujours à travers une distribution saine et équitable de la Justice.
Tels sont les vœux que je puisse formuler à vous tous qui avez un rôle à jouer dans le système judiciaire haïtien.

BONNE ANNÉE JUDICIAIRE !                                              BONNE ANNÉE FISCALE !

Que Dieu bénisse Haïti.

Je m'appelle Heidi FORTUNÉ, je suis le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique.


                                                                         

mardi 5 septembre 2017

DISCOURS DU MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE À L'OCCASION DES FUNÉRAILLES DU JUGE CLERSIAS CÉLANCIEUX LE SAMEDI 26 AOÛT 2017 AU CAP-HAÏTIEN



DISCOURS DU MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE À L'OCCASION DES FUNÉRAILLES DU JUGE CLERSIAS CÉLANCIEUX LE SAMEDI 26 AOÛT 2017 AU CAP-HAÏTIEN

Monsieur le Célébrant principal et Pasteurs auxiliaires,
Monsieur le Représentant du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire,
Monsieur le Président et Juges de la Cour d'Appel du Cap-Haïtien,
Monsieur le Doyen du Tribunal de Première Instance du Cap-Haïtien,
Messieurs les Commissaires du Gouvernement Près la Cour d'Appel et le TPI du Cap-Haïtien,
Mesdames et Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président de l'Association Nationale des Magistrats Haïtiens,
Monsieur le Doyen de la Faculté de Droit du Cap-Haïtien,
Mesdames et messieurs les Avocats des différents Barreaux de la République,
Mesdames et Messieurs les Officiers de la Police Nationale d'Haïti,
Mesdames et Messieurs les Greffiers, Commis-Parquets, Huissiers et membres du personnel du Palais de Justice du Cap-Haïtien,
Parents et Amis du défunt,
Mesdames, Messieurs...

"Le grand mystère ne s'explique pas."

Qui aurait osé imaginer qu'en ma qualité de Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique et celle de Magistrat de profession, j'allais gravir une nouvelle fois, dans un si court intervalle, la chaire d'une église pour des mots de circonstance; cette fois-ci, à l'occasion du départ prématuré pour l'Orient éternel d'un géant, d'un grand combattant, d'un gladiateur portant toujours à sa main le glaive de la Justice?
Qui aurait cru que la Magistrature haïtienne allait perdre sitôt cet enfant doué d'une intelligence remarquable et remarquée, de valeurs morales recherchées, d'une conduite hors du commun dans l'accomplissement de ses taches?
Personne n'oserait penser pouvoir défier les lois naturelles. Puissantes qu'elles soient, elles se mettent souvent en désaccord avec nos aspirations et nos espérances.
Pourquoi le sort a voulu aujourd'hui que ce soit lui, Clersias Célancieux, Magistrat de son état, sur qui doit s'abattre cette foudre, et je regrette de le dire, épargnant ceux qui ne font pas honneur à la Magistrature, qui la vilipendent en privilégiant leurs intérêts égoïstes et mesquins, pataugeant dans les arènes de la médiocrité, de la corruption et de l'indécence?
Si la mort était aussi juste et parfaite, mon très cher collègue et ami, camarade de promotion, tu aurais encore ta place parmi nous, sans vouloir blasphémer notre Père Céleste, lui qui a créé l'univers avec ses lois, selon toute approche théologique.
Je ne suis pas venu à ce micro prendre la parole pour dresser le profil du Magistrat dont nous saluons la dépouille ce matin, un Magistrat passé de présentation. Ç'aurait été assez étonnant d'apprendre de son vivant qu'il fut un homme sage et tolérant. À preuve, lui et moi avions eu souvent des désaccords dus à nos différences axées sur nos tempéraments. Par contre, sa rectitude dans l'application de nos textes de loi, son amour pour la Magistrature et le Droit ont fait de lui un modèle du genre, ce qui le place sur l'estrade ''d'Honneur et Mérite''  accueillant très peu de Magistrats.
En effet, mon frère, tu t'es éteint après de longues années de souffrance, ce qui fait penser sans l'ombre d'un doute à plus d'un qu'il vaut mieux que tu aies quitté cette terre tant ta vie était devenue une épreuve permanente.
Courageux au-delà de toutes les limites, tu avais fait front jusque dans les instants les plus intolérables mais la maladie devenue plus forte a finalement eu gain de cause. Par la perte d'espoir que tu m'avais fait sentir depuis peu, surtout lorsque je t'avais fait part qu'au moment où le Gouvernement devrait faire choix de la personne qui allait diriger l'Unité Centrale de Renseignement Financier (UCREF), ton nom m'était venu à l'esprit et que tu avais décliné sagement, je l'avais pressentie, cette mort prématurée. Et aujourd'hui, tu as abandonné le combat, estimant à juste titre que tu avais fait tout ce qui était en ton pouvoir.
En cette pénible circonstance, par mon organe, le Gouvernement en général dirigé par le premier Ministre Jack Guy LAFONTANT, et le Président de la République, son excellence Jovenel MOÏSE, présentent leurs sincères sympathies aux membres de la famille du de cujus, particulièrement son épouse et ses deux enfants, et à ceux du Corps Judiciaire. Ils profitent pour dire à ces derniers que durant ce quinquennat, ils accorderont toute leur attention aux différents problèmes liés au fonctionnement de ce pouvoir et aussi à ceux que confrontent les Magistrats, assis ou debout, tant dans leur vie sociale que professionnelle.
Aux membres de la famille du défunt, je leur dis que moi personnellement, j'ai initié une démarche auprès du Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, lui demandant de solliciter du Ministre de l'Economie et des Finances une allocation de pension de retraite post-mortem au profit du Juge Clersias Célancieux. Permettez que je vous donne lecture de la correspondance...
Port-au-Prince, le 25 Août 2017
"Magistrat Jules CANTAVE
Président du Conseil Supérieur
du Pouvoir Judiciaire (CSPJ)
En ses Bureaux.-
Monsieur le Président,
Le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique vous présente ses compliments et vous saurait gré de bien vouloir entreprendre les démarches nécessaires auprès du Ministre de l'Économie et des Finances afin qu'une allocation de pension de retraite post-mortem soit accordée au Juge Clersias CÉLANCIEUX décédé et laissant deux enfants en bas âge.
Espérant qu'en bon père de famille vous ne manquerez pas de porter votre attention à la présente pour le bien de la famille CÉLANCIEUX, le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ses salutations distinguées.
                                                        Heidi FORTUNÉ, Magistrat,   
                                                                          Ministre  "
Enfin, le moment est venu de m'adresser à nouveau à mon frère pour lui dire en deux phrases:
Bon voyage, Magistrat! Pars en paix avec l'idée que tu as fait œuvre qui vaille, que nous garderons tous en souvenir.
               Heidi FORTUNÉ, Magistrat
Ministre de la Justice et
de la Sécurité Publique
               



Discours du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique à l’occasion des 22 ans de la Police Nationale d’Haïti, à l’Académie de Police, Frères, le lundi 12 juin 2017



Discours du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
à l’occasion des 22 ans de la Police Nationale d’Haïti,
à l’Académie de Police, Frères, le lundi 12 juin 2017

Monsieur le Président de la République,
Madame la Première Dame,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de la Chambre des Députés,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président de la Cour de Cassation,
Mesdames, Messieurs les Membres du Cabinet ministériel,
Monsieur le Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti,
Mesdames, Messieurs les Représentants de la communauté internationale et de la MINUSTAH,
Mesdames, Messieurs les Hauts Cadres, les Techniciens, les Policières et Policiers de la PNH,
Mesdames, Messieurs les représentants des Directions générales et directions déconcentrées de l’Etat,
Mesdames, Messieurs les Magistrats assis et debout,
Monsieur le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti et Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Barreau de Port-au-Prince
Mesdames et Messieurs les Représentants de la presse parlée, écrite et télévisée,
Distingues invités,
Honorable assistance,
Mesdames et Messieurs,

Nous voici réunis, ce matin, à l’Académie de Police, pour célébrer les vingt-deux ans d’existence de la Police Nationale d’Haïti. En effet, 12 juin 1995 - 12 juin 2017... déjà 22 ans qu’une nouvelle  institution créée par la Constitution de 1987 a pris naissance, dans un contexte socio-politique bien spécial.

Je suis particulièrement heureux d’être présent parmi vous –Policières et Policiers  -- pour cette commémoration de l’effort dans la protection et l’altruisme. Je m’en voudrais, en ce jour de fête, d’adresser mes félicitations les plus vives à chacune et à chacun –pardon ! – à vous tous qui avez fait de la Police Nationale d’Haïti : une institution fière,  forte, élégante, pérenne et, toujours  prête au devoir sacrificiel suprême. Je vous rappelle, en cet instant solennel, que  vos efforts ne sont pas vains et qu’ils ont contribué à maintenir Haïti dans un climat de stabilité après lequel nous soupirons.
Hier, on créait la Police Nationale d’Haïti pour marquer‘’ la rupture avec un ‘’passé, par endroits, parsemé de roses noires’’ et, refléter ‘’le bras vaillant et armé de la Justice’’. A l’époque, les instigateurs – internationaux et nationaux -- la voulaient imposante et, dans un élan de patriotisme, maintes fois, réaffirmé, nos gouvernants souhaitaient tout simplement la ramener à la dimension haïtienne pour signifier l’inaliénable privilège de la souveraineté nationale. C’était d’abord pour manifester la volonté ferme de protection et de service alliée au souci de la proximité de la vie quotidienne. Aujourd’hui, nous voulons surtout d’une force de Police professionnelle et accessible pour les citoyennes et citoyens comme pour les acteurs et décideurs  judiciaires.

Policières et Policiers,
 Désormais, votre vocation va se vivre à travers vos missions et vos engagements respectifs. Ils sont, par cette assertion, devenus plus importants puisque  la sécurité est un préalable au développement de la Nation. Vos responsabilités sont donc des plus difficiles et rudes. C’est pourquoi, je vous exhorte  vivement à les exercer avec dévouement, abnégation, désintéressement et persévérance. Pour reprendre le moraliste LAROCHEFOUCAULD, ‘’la récompense du devoir est le devoir même’’. Ne cessez jamais de vous acquitter de votre devoir d’état. Voilà pourquoi quand on se laisse aller à attaquer l’institution policière, ce sont les fondements de la démocratie  et des droits humains – aux règles du ‘’vivre ensemble et les droits de chacun’’que l’on porte un coup d’arrêt. Ceci dit, en ce jour spécial, je salue la mémoire de toutes les policières et de tous les policiers tombés sur les champs d’honneur, au moment de l’accomplissement de leur noble devoir. Que leurs enfants, parents, proches et amis acceptent mes sympathies. 
 Parallèlement, je ne saurais rester insensible face aux Policières et Policiers frappés d’incapacité prématurée qui, à cause des limitations plurielles et contraignantes, sont, aujourd’hui, cloués sur leurs lits de maladie ou un fauteuil roulant, devenus par la force des circonstances dépendants des autres ou obligés de renoncer à la vie active et sombrer  dans le mépris alors qu’une belle et enrichissante carrière s’ouvrait devant eux. Heureusement, ‘’à  brebis tondue, Dieu mesure le vent’’ dit un vieil adage. Pour  l’occasion, je m’associe à toutes les couches de la population haïtienne, bénéficiaire de vos services, pour, de façon publique, remercier chacune et chacun pour les loyaux services rendus.

La justice constitue le socle en acier trempé de notre démocratie, et  s’appuie sur la Police pour mener à bien tous les combats. La Police a un grand idéal : servir l’œuvre de justice. Elle est en ce sens une ‘’marqueuse’’ de la démocratie. Hauts Cadres, Techniciens, Policières et Policiers de toutes les Unités spécialisées, à chaque jour, vous y contribuez tous. Alors, il faudra simplement poursuivre !

Policières et Policiers,
Je voudrais, également,  à présent, vous communiquer les orientations générales qui guideront vos actions. Vous devez œuvrer inlassablement à la réalisation des objectifs et  priorités du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique inscrits dans la lettre de cadrage sous la signature du  Premier Ministre, le Président du Conseil Supérieur de la Police Nationale. Les orientations de la nouvelle politique de sécurité intérieure imposent les conditions d'une utilisation plus efficace des forces. L'action judiciaire sera intensifiée par l'augmentation du nombre des Officiers de Police Judiciaire et la sauvegarde  de leur compétence. Grâce au progrès des technologies de la communication et de l’information, la gestion rationnelle et impartiale des dossiers sera modernisée pour, au besoin, augmenter les capacités opérationnelles en cas de crise. Dans un futur assez proche, les forces de sécurité intérieure bénéficieront de nouveaux moyens juridiques qui feront l'objet d'une loi à déposer au Parlement. Des dispositions seront notamment prévues pour ‘’bloquer l'usage des téléphones volés’’ et pour ‘’localiser les véhicules volés’’. Un effort particulier sera engagé pour lutter, de façon permanente, contre les comportements agressifs et délinquants qui se sont multipliés au cours des dernières semaines. Un programme d'équipement sera lancé pour améliorer l'état du parc immobilier et du réseau de transmissions, renforcer les moyens de la Police Technique et Scientifique et l'emploi obligé des technologies de l'information, mettre à niveau le parc automobile et améliorer l'équipement individuel et de protection des personnels civils et policiers. Une évaluation biannuelle permettra d'apprécier les résultats obtenus par la Police Nationale et de les rapprocher des moyens engagés. Pour ce faire, j’invite le Haut État-Major de la Police à resserrer  et à purger les rangs en mettant sans délai un terme aux agissements inconsidérés -- perquisitions arbitraires, pillages, barrages non autorisés, folle circulation sur la voie publique en armes sans ordre de mission, rackets, violations et occupations illégales de domiciles, dépossessions forcées, règlements personnels de litiges fonciers ou de voisinage, nuisances sonores et surtout nocturnes, et autres exactions de toutes natures contre les populations, les agents du service public notamment le personnel de santé, les enseignants, les opérateurs économiques, les touristes, etc. 
Il vous faut  également poursuivre le  combat, de tous les instants,  plus général contre le grand banditisme, les crimes transnationaux, le fondamentalisme, la stigmatisation, les menaces immédiates et quotidiennes auxquelles nous faisons face. Je veux citer : le trafic de drogues, la circulation illicite d’armes, la corruption, la spoliation, l’insécurité foncière, l’impunité et la criminalité  à col blanc.

La justice, dans notre société se veut un signe visible de civilisation et une garantie certaine des droits fondamentaux exprimés dans la Constitution républicaine et dans les instruments juridiques internationaux de protection pour les citoyennes et citoyens. Elle œuvre pour la pérennité et l’effectivité des grands principes démocratiques. C’est pourquoi, elle maîtrise les folles passions et apaise les facteurs de tension sociale. À l’instar de tous mes prédécesseurs, je suis très sensible à vos préoccupations légitimes majeures et l’histoire des événements, à répétions, récents – sur les champs du devoir et de l’honneur – nous fournit des enseignements aussi précieux que dramatiques. Retenons avec gravité qu’il n’est pas de pays sûr sans une justice respectée et une justice forte sans une police professionnelle  et qui la sert avec compétence, courage,  dévouement et exigence. CSPJ...CSPJ, de grâce, sanctionnez les magistrats indélicats et corrompus car il n'y aura jamais de sécurité, et le travail de la police sera toujours sapé avec une justice qui crée elle-même l'insécurité.
Presque tous les jours, la magistrature haïtienne est confrontée à la révélation de faits ou de comportements, commis par une infirme minorité de certains de ses représentants, qui nous sont apparus susceptibles de constituer de graves manquements aux devoirs de leurs charges. Un magistrat qui prend exagérément la défense de bandit, en échange de pots-de-vin, et diabolise la police au point de n'y voir que des tortionnaires n'est autre qu'un blanchisseur de banditisme. Un magistrat qui prend de l'argent pour libérer des kidnappeurs et mis hors de cause des trafiquants de drogue devrait être écarté de la magistrature pour éviter que le discrédit ne jaillisse sur l'ensemble du corps composé d'hommes et de femmes de qualité dont nous savons l'honnêteté et le dévouement absolus.
Appelons un chat un chat: Le fonctionnement actuel de notre système judiciaire met en danger la sécurité des citoyens car définitivement, le bandit et le juge corrompu exercent la même profession. Et toute politique de lutte contre la délinquance sera vouée à l'échec avec ces éléments en toge qui favorisent l'impunité et se désintéressent des victimes. Certains magistrats ont leurs mains sales jusqu'aux coudes...
Une fois de plus, nous alertons les membres du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) sur l'état réel de la magistrature et l'urgence de réagir à l'immense danger qui se précise.

Policières et Policiers,
Vous symbolisez, à nos yeux, l’alliance  de la force et de l’intelligence. Nous savons, non sans peine, que certaines de vos attentes ne sont pas toujours comblées. Vous aspirez à des bâtiments princiers.  Pourtant, le saviez-vous qu’un bâtiment même splendide, n’est rien – une simple coquille vide – sans les moyens de le faire fonctionner ? 
C’est pourquoi, nous aurons d’autres combats :
1.     L’obtention de crédits de fonctionnement révisé à la hausse ;
2.     L’augmentation de l’effectif des cadres supérieurs et des agents ;
3.     L’appropriation de toutes les charges avec le départ obligé de la MINUSTHA ;
4.     L’épuration nécessaire ;
5.     Le choix fini des policiers sur leurs missions essentielles etc…
Sur le terrain, des moyens vous seront offerts, pour l’amélioration de votre cadre de vie et de vos conditions de travail en témoignent la rénovation prochaine et la construction effective de nouveaux Commissariats et d'un Hôpital Général de Police.
J’estime nécessaire de relancer et d’approfondir le processus de l’Unité de Logements décents au bénéfice des Policiers sans distinction ni exclusive. Que chaque policier ait enfin un toit digne. J’envisage de couvrir tous les Policiers d’une assurance maladie et surtout contre les risques d’accidents professionnels.



Félicitations à vous, -- valeureuses femmes et  courageux hommes qui, sur la route du progrès et du développement, ne vous faites jamais marchander la bravoure pour chasser  les ténèbres épaisses de la poltronnerie et poindre  la  lueur d’espoir  se transpirant  sur les visages les plus sceptiques. Ce jour de fête nous invite  aussi à dresser le bilan et dénouer le procès de ces 22 ans d’existence. Nous devons redresser, corriger, recommencer, aplanir, au besoin,  pour atteindre avec plus de précision nos objectifs. C’est aussi le Jour des grandes espérances. Le moment est venu pour que votre travail professionnel soit mesuré à sa juste valeur.

Bonne Fête à chacune et à chacun ! 
Que  les dieux tutélaires de la Patrie commune vous soient toujours en aide !
Je vous remercie.

Heidi FORTUNE, Magistrat,
Ministre de la Justice et 
de la Sécurité Publique.